Début juillet 2014, statistiquement, il faut réaliser un tour de force pour déjouer les pronostics. Au moins 10 contre 1. Même à Dunkerque, les rares braves à nous supporter passent pour des marginaux. La tâche à accomplir relève de l’offensive rebelle face au géant international Groupama Sailing Team.
Humainement, c’est l’histoire d’un groupe qui touche peut-être à sa fin. Une fratrie restée unie dans des places de deuxième au goût amer. Mais, aussi, une somme d’aventures personnelles complémentaires qui se surpassent ensemble pour construire des carrières de sportifs.
Physiquement, il a fallu se faire mal pour gagner. Le rappel par exemple : ça casse le dos, ça broie les intestins, ça coupe le sang dans les jambes... Tout le monde n’en fait pas avec autant d’insistance, aussi longtemps. Quel équipage normalement constitué est capable d’enlever les protections de filières pour se faire encore plus mal, en direct sur le câble ? Aucun. Pourtant, l’espace d’un jour, nous avons mené ce type d’attaque aussi psychologique que technique, qui a fait son effet... tant sur nous même que sur nos adversaires.
Rationnellement, une bonne préparation à terre et un peu d’audace pour pimenter les trajectoires sur les parcours au large nous a permis de jouer de beaux coups.
Irrationnellement, en échange d’un peu de sobriété jambon/alcool, nous avions obtenu l’assurance que nos amis de l’équipage du sultanat d’Oman prient pour notre victoire. Au plus haut niveau, il faut savoir ne rien négliger...
Surtout, moralement, le Tour de France a prouvé qu’une série monotype ne l’est que si les bateaux ont tous les mêmes voiles. Les voiles monotype auraient dû arriver bien plus tôt sur ce circuit. L’année dernière, il n’y a pas eu un gagnant et un perdant, mais un premier et un second. Et cette année alors ? Nous terminons le dernier jour de course sans le salut de notre adversaire principal.
Historiquement, avec l’arrivée du Diam 24 en 2015, c’est aujourd’hui la fin d’un cycle offshore/inshore déjà bien amoché depuis la fin des grandes années du Farr 30 où les villes étapes nous recevaient en grande pompe. Avant, le tour était aussi une école de la course côtière "au large". Il suffit de voir combien de skippers de la Solitaire du Figaro y ont appris à gérer la nuit au contact pour en être convaincu. Mais ça c’était avant. Le Tour tel qu'il était est mort, vive le Tour !
Fin juillet 2014, le podium du Tour accueille deux anciens vainqueurs – Cammas et Gavignet - de la Volvo Ocean Race : course autour du monde sur ce même ancien format. Avec le passage au multicoque "de plage" le Tour Voile passe dans le nouveau millénaire...
Une nouvelle histoire commence, vivement qu'on se remette au travail !